Le rétrofit en Europe : comparaison des réglementations

Si la France a été l’un des premiers pays à encadrer clairement le rétrofit électrique, elle est loin d’être la seule à faire bouger les lignes. En 2025, les réglementations évoluent à toute vitesse dans plusieurs pays européens, mais avec des logiques parfois très différentes.
En France, le cadre est défini depuis l’arrêté du 13 mars 2020, qui autorise la conversion des véhicules thermiques en électriques à condition de respecter un cahier des charges strict. Le processus passe par une homologation individuelle (RTI) via la DREAL, et seules les entreprises agréées peuvent effectuer les travaux. Ce modèle a permis l’émergence d’un véritable écosystème, même si les volumes restent encore modestes.
Chez nos voisins, la situation est plus contrastée.
En Allemagne, le rétrofit est techniquement autorisé depuis plusieurs années, mais l’homologation reste complexe, coûteuse et peu centralisée. Chaque projet est traité au cas par cas par les autorités techniques (TÜV, KBA), ce qui freine la démocratisation du rétrofit pour les particuliers. Pourtant, plusieurs startups allemandes comme eClassics ou REEV se battent pour faire bouger les choses.
L’Italie a surpris tout le monde en adoptant dès 2019 une loi nationale favorable au rétrofit. Le pays a même instauré une procédure simplifiée et accordé des subventions locales dans certaines régions comme la Lombardie ou l’Émilie-Romagne. Le ministère des Transports publie une liste de kits homologués utilisables selon les modèles de véhicules.
En Espagne, le rétrofit est légal mais reste faiblement encadré. Chaque modification doit être validée individuellement auprès de l’ITV (équivalent du contrôle technique renforcé), avec des exigences variables selon les provinces. Résultat : le marché progresse lentement, porté surtout par des initiatives locales ou associatives.
La Belgique, quant à elle, n’a pas encore de cadre réglementaire spécifique au rétrofit électrique. Les conversions sont tolérées mais très peu pratiquées. Le pays privilégie pour l’instant les incitations à l’achat de véhicules neufs plutôt que la transformation du parc existant.
Ce paysage fragmenté pose un vrai défi pour les professionnels du rétrofit qui veulent se développer à l’échelle européenne. Aucune harmonisation n’existe encore au niveau de l’Union Européenne, bien que le sujet figure désormais à l’agenda de plusieurs eurodéputés et groupes de travail.
En attendant, les pionniers du rétrofit doivent composer avec des réglementations en mosaïque, des délais administratifs variables et une reconnaissance légale parfois floue. Mais un point commun émerge partout : la demande monte, les initiatives se multiplient, et les institutions commencent à s’en saisir.
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